Ce roman de détective a osé un truc que je n’avais jamais vu
Notes de lectures sur Magpie Murders de Anthony Horowitz
J’avais besoin d’une lecture simple. Le genre de livre qu’on ouvre pour se remettre à lire après un passage à vide. Pas du Dante, pas du Ernaux, pas un traité philosophique sur la souffrance existentielle — juste un polar anglais avec des codes familiers.
Alors j’ai ouvert Magpie Murders.
On m’avait dit que c’était le roman qui avait vraiment propulsé Anthony Horowitz. Un truc malin, un peu méta, qui joue avec les codes. Perso, j’adore quand les auteurs me prennent au sérieux, quand ils me demandent de faire attention, de revenir en arrière, de relire une scène en me disant : « Hé. T’as bien vu ce que j’ai caché là ? ». Et là-dessus, je dois dire : mission accomplie.
Le livre m’a incitée à revenir en arrière. À relire des passages. À me poser des questions. C’est rare et précieux, ça. Cette envie de gratter sous la surface. D’analyser. De jouer aux détectives. Et c’est peut-être pour ça que je lis encore ce genre de roman, pour l’illusion temporaire que j’ai résolu quelque chose.
En plus, on n’est pas sur une histoire de détective si classique que ça. Et attention, SPOILERS : si tu n’as pas lu le bouquin, si tu ne veux pas savoir qui, comment, pourquoi… Ne lis pas la suite.
Magpie Murders, c’est deux histoires en une :
l’histoire archi-classique d’un détective aux habitudes un peu particulières qui vient résoudre une série de meurtres dans la campagne anglaise, dans les années 50.
l’histoire beaucoup plus moderne, d’une éditrice qui cherche désespérément à mettre la main sur les derniers chapitres disparus du dernier roman de son auteur à succès, qui vient de mourir dans des circonstances qu’elle trouve un peu louche.
Pour avoir la fin du premier mystère, il nous faut donc résoudre le second.
C’est son point le plus fort. Un livre dans le livre. C’est bien pensé, c’est intéressant. Même si j’ai mis un certain temps à arriver à la deuxième partie du bouquin.
J’ai eu un hic : les personnages s’empilent
Je ne l’ai pas fait ce coup-çi, mais ça m’arrive de prendre des notes vraiment détaillées sur les personnages de certains romans, juste pour comprendre de qui on parle. Ici, sur le roman Loves Music, Loves to Dance, de Mary Higgings Clark.
On se perd, surtout si comme moi, on lit les descriptions un peu longuettes en pointillés. Est-ce un défaut de narration ou juste un bug de mon cerveau sur les noms anglo-saxons ? Bonne question. En tout cas, j’en suis arrivée à ne plus reconnaître les noms. Et c’est gênant quand on parle de suspects.
Ceci dit, ça ne m’a pas empêché de prendre plaisir à résoudre la deuxième enquête. Re : attention SPOILERS vraiment importants cette fois.
Je considère un livre de mystère réussi quand j’en tiens quelques-uns, sans avoir forcément l’image complète. Ici, j’avais assez rapidement porté mes soupçons sur l’éditeur. Le coup de la lettre en plusieures parties, oui. Bel hommage aux romans du 20ᵉ qui ‘rapportent’ des faits (Mystère de la Chambre Jaune, certains Sherlock). Et qui, si l’éditeur, pouvait utiliser cette lettre ?
Le mystère le plus intéressant était à trouver autour du mobile. L’anagramme des titres de l’auteur était un joli détail. Et surtout, un beau puzzle en lui-même. Puisqu’il fallait chercher encore un peu plus loin pour comprendre que le détective Atticus Pünd était lui-même la clé de tout ce cirque.
Mais parlons de déception. Parce qu’il y en a une : le premier mystère. L’enquête de Pünd était déjà longue, mais à force qu’on nous répète que son auteur ne moquait bien de tout ça, qu’il considérait ces histoires comme ridicules — et c’est peut-être tout le génie d’Horowitz — je n’avais plus envie de savoir qui avait tué Mary Blakiston et Magnus Pye.
C’est quand même fort : faire lire 70000 mots d’un premier roman à des lecteurs passionnés de mystère, puis les faire patienter 70000 de plus pour retrouver les derniers chapitres perdus, leur dire que le premier mystère est une farce, et enfin, leur laisser lire le décevant dernier chapitre qui annonce que le meurtrier tue parce que c’est un…. psychopathe. Je jeste, c’est un poil plus complexe, mais c’est tout de même sacrément effronté. Il faut oser quoi.
Ce qui m’a fait tenir, c’est que j’aime avoir raison. Et j’avais raison sur un plan.
En terminant le bouquin, j’ai tout de même eu cette sensation que je traîne souvent en lisant des romans modernes : l’intrigue commence fort, la structure est prometteuse… et puis, tout se désamorce mollement. Je ne sais pas vraiment encore mettre des mots précis sur cette déception : est-ce que ça va trop vite ? est-ce que je trouve la résolution trop simple ? est-ce que j’ai envie que ça continue encore et toujours ?
Toujours est-il qu’une fin... ça n’a pas l’air facile à orchestrer. Et que les enjeux sont moins importants que pour un début. Si la fin est molle, après la révélation, ce n’est pas économiquement important, puisque le lecteur a déjà fini le livre.
M’enfin Magpie Murders, c’est quand même une histoire de détective intelligent, qui joue avec les codes. C’est ce que j’étais venue chercher. Une histoire qui se lit bien.
Tout ça me donne envie de regarder la série basée sur le livre (rien que pour voir si j’aurais adapté de la même manière) :
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